Présidentielle 2022: Pécresse gagne le Congrès LR... et le plus dur commence

Le plus dur commence pour Pécresse (ici le 4 décembre à Paris) après sa victoire surprise au Congrès LR. (Photo: Christian Hartmann via Reuters)
Le plus dur commence pour Pécresse (ici le 4 décembre à Paris) après sa victoire surprise au Congrès LR. (Photo: Christian Hartmann via Reuters)

POLITIQUE - C’est beau, mais c’est (encore) loin. La chiraquienne, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a remporté ce samedi 4 décembre la primaire interne organisée par Les Républicains. Elle a largement devancé Eric Ciotti et sera donc la candidate de la droite à l’élection présidentielle au printemps prochain.

Outsider avant le premier tour puis favorite au second, l’autoproclamée “Dame du faire” a su rassembler 61% des suffrages sur une ligne libérale et de fermeté, au terme d’une campagne offensive. Une aventure “digne, puissante et audacieuse”, selon les louanges d’Eric Ciotti, qui s’est immédiatement rangé derrière son ancienne adversaire.

Une franche réussite, donc, pour Valérie Pécresse, qui a recueilli l’appui de tous les ténors LR, avant ou après sa victoire. Ce n’est pas rien, dans une famille politique habituée aux tensions et guerres internes. Mais les défis n’en restent pas moins nombreux pour celle qui est désormais chargée de mener à la bataille un camp menacé d’asphyxie.

La tenaille Macron - Zemmour

Les Républicains, qui ont certes affiché de beaux scores aux élections intermédiaires (municipales et régionales notamment), feraient mieux d’accéder au second tour en 2022 s’ils ne veulent pas compromettre leur avenir, après deux échecs à la présidentielle, en 2012 et en 2017.

Pour cela, la formation gaulliste doit sortir de la tenaille qui réduit son espace vital entre la macronie, qui tente d’attirer une partie de l’électorat de droite modérée, et l’extrême droite désormais représentée par deux candidats: Marine Le Pen et Eric Zemmour. L’ancien journaliste du Figaro et de Cnews n’a pas hésité à appeler les électeurs déçus par la défaite d’Eric Ciotti à le rejoindre, quelques heures après le résultat de la primaire LR. “Vous pouvez compter sur moi et je sais que c’est réciproque”, écrit, dans un communiqué, le polémiste qui a vu les positions du député très droitier se rapprocher des siennes au fil de la campagne.

Les marchands de peur ne sont jamais efficaces dans l'action. Dans notre histoire, aucun diviseur n'a été un sauveur.Valérie Pécresse, dans son discours de victoire

Un peu plus tôt, Valérie Pécresse avait tout fait pour afficher ses différences à la fois avec le président de la République et avec les “marchands de peur” lors de son discours de victoire. “Je ne serai pas une présidente du zigzag et de la godille politique”, a-t-elle ainsi lancé aux militants et élus LR réunis au siège du parti, en référence à un chef de l’Etat qui a une “seule obsession: plaire.”

“Nul besoin d’être extrémiste pour être offensif. Nul besoin d’être insultant pour être convaincant. Vous savez, les marchands de peur ne sont jamais efficaces dans l’action. Et dans notre histoire, aucun diviseur n’a été un sauveur”, a-t-elle ensuite ajouté, pour, dit-elle, convaincre les Français “tentés par Marine Le Pen et Éric Zemmour.”

Quelques secondes auparavant, Éric Ciotti, fort de ses 40% ou presque, avait appelé son camp à “assumer ses valeurs de droite”, le seul moyen, selon lui, de “ramener” les électeurs “qui sont partis”. “Nous ne gagnerons qu’en tournant le dos à la prudence, source d’immobilisme”, a-t-il fait valoir, après avoir perdu l’élection, mais, sans doute, gagné la bataille des idées.

Que disent les sondages?

La campagne interne a effectivement accouché d’une forme de surenchère d’idées droitières et autres propositions-chocs. Eric Ciotti, le plus en vue des débats, a, par exemple, évoqué la construction d’un Guantanamo à la française, ou la “suppression du droit du sol”. Valérie Pécresse prônait, quant à elle, l’avènement d’un “comité de la hache” pour mettre en place une simplification administrative d’envergure ou le retour des “charters” pour lutter contre l’immigration clandestine. De quoi attirer les électeurs les plus à droite? Sans perdre ceux plus au centre?

C’est là, l’équation complexe qui attend Les Républicains pour les prochains mois. D’autant que les enquêtes d’opinion ne sont pas fameuses pour la candidate finalement désignée.

L’ancienne ministre part de très loin et il lui faudra une dynamique impressionnante après sa victoire pour entrevoir ce fameux second tour. Créditée de 10,2% en moyenne, comme vous pouvez le voir sur notre compilateur ci-dessous, elle est à neuf points de Marine Le Pen. Et contrairement à Xavier Bertrand qui rivalisait avec Éric Zemmour et avait creusé l’écart avec les candidats de gauche, la présidente de l’Île-de-France est talonnée par Jean-Luc Mélenchon.

Valérie Pécresse peut, malgré tout, espérer un début de frémissement après sa victoire. Mais elle ne pourra pas compter sur le grand meeting d’intronisation prévu le 11 décembre pour lancer sa campagne. Christian Jacob a effectivement confirmé son annulation, ce samedi, dans sa version “physique”, Covid-19 oblige. Il y a mieux pour donner de l’élan à une candidature.

À voir également sur Le HuffPost: Pécresse gagne le Congrès LR, Ciotti lui apporte un soutien franc

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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